Elodie Chabrol, chercheuse en neurosciences et communicante scientifique, a accepté de partager avec nous son parcours et ses différents projets scientifiques. Nous la remercions chaleureusement pour le temps qu’elle nous a accordé. 

Elodie Chabrol

Elodie Chabrol

Vous avez une thèse en neurosciences et avez été chercheuse pendant plusieurs années. Avez-vous toujours été passionnée par les sciences ?

Depuis toute petite, j’ai ce besoin de comprendre comment les choses marchent. J’étais le genre d’enfant qui demande “pourquoi ?” très souvent ! J’ai été aussi élevée par un grand père peintre et fan de nature, et de ce fait, probablement et sans m’en rendre compte, j’ai développé un fort intérêt pour les sciences naturelles. Ce n’est qu’au lycée que j’ai vraiment compris que j’étais passionnée par la biologie.

La physique, par contre, a toujours été une matière avec laquelle j’avais des difficultés. J’ai même eu 0,5/20 à un partiel en première année de fac ! Comme quoi, on peut être mauvaise dans un domaine scientifique, mais se passionner et performer dans un autre jusqu’à en faire son activité professionnelle !

Quel a été votre parcours scolaire ? Comment avez-vous su que vous souhaitiez être chercheuse ?

Au lycée, j’ai fait une première et terminale S avec une spécialité Biologie. Ensuite, j’ai obtenu un DEUG (équivalent de la licence actuelle) de Science de la Vie et une Maîtrise de Biologie (équivalent du master 1) pour terminer avec un Master 2 de Génétique. J’ai également réalisé une thèse en neurogénétique !

Je voulais être professeur de biologie au lycée, on m’a donc conseillé de faire une thèse de doctorat. C’est pourquoi je me suis dirigée vers une Maîtrise/un Master de recherche. C’est à ce moment que j’ai découvert la recherche : en stage de Master 1/Maîtrise. Le coup de foudre a été instantané ! J’étais dans un super laboratoire avec une cheffe qui, je pense, a participé à mon coup de cœur pour la recherche. Elle était géniale ! Isabelle BH., merci à toi de m’avoir fait découvrir ce milieu et de m’avoir transmis ta passion.

Avant de faire mon stage, je n’avais jamais mis les pieds dans un laboratoire de recherche. Au lycée, je ne connaissais même pas ce métier donc ça aurait été dur pour moi d’imaginer faire ça un jour ! C’est aussi pour cette raison que j’essaie désormais de participer à une meilleure visibilité de ce métier auprès du grand public et des jeunes !

Si vous ne deviez retenir qu’un seul projet de votre carrière de chercheuse lequel serait-il ? Et pourquoi ?

J’ai de la chance, j’ai travaillé la majorité du temps sur les épilepsies ce qui m’a permis d’en étudier tous les contours.

J’ai commencé par l’étude d’une certaine forme génétique pour comprendre ce qui rendait les patients malades et ce qu’il se passe dans le cerveau lorsqu’on a cette mutation génétique. Puis, j’ai fini par travailler sur une thérapie génique pour lutter contre l’épilepsie dont le mécanisme est la création de virus inoffensifs qui servent de transport dans le cerveau pour livrer des gènes qui vont « réparer » le cerveau là où cela est nécessaire.

A partir de 2017, vous décidez de quitter le laboratoire pour devenir communicante scientifique avec pour mission de « rendre les sciences accessibles à toutes et tous, partout ». Comment vous est venue cette idée ? Et pourquoi ?

Depuis 2013, j’ai mis le pied dans la communication scientifique avec le festival Pint of Science. Premièrement, en participant à sa création en Angleterre, en 2013, puis en ouvrant la branche française en 2014, et ce, en parallèle de mes activités de recherches.

Plus mon implication dans ce monde de la communication scientifique grandissait, plus j’ai adoré ça ! J’ai vraiment senti que je pouvais aider les scientifiques, à la fois en les formant, mais aussi en développant le festival Pint of Science. Le festival était déjà organisé dans 10 pays mais on avait du mal à le faire rayonner plus car personne n’était là pour s’en occuper à plein temps.

Mon projet de recherche est arrivé à un point où j’avais le choix entre relancer quelque chose ou partir. J’ai choisi la seconde option. Ce n’était pas une coupure franche et un passage d’un monde à un autre, c’était progressif et il m’a semblé évident que j’étais faite pour la communication scientifique et que ça me passionnait (et me passionne toujours !).

Vous avez pris la tête d’un festival scientifique international en 2017. Vous avez participé à plusieurs émissions de télévision, réalisé plusieurs interviews pour de grands magazines, faites partie de plusieurs comités scientifiques… Quelle est pour vous votre plus beau succès de communicante scientifique ?

J’ai effectivement pris la tête du festival Pint of Science en tant que Directrice Internationale, mais j’étais déjà à la tête de la branche française depuis 2014.

Pint of Science est sûrement LA plus belle réussite de ma carrière parce qu’on a fait ça avec toute notre passion sans se soucier de la reconnaissance. Depuis 10 ans, c’est une aventure fantastique ! En plus de Pint of Science, une de mes plus belle réussite est d’accompagner chaque scientifique, lors des formations, et de les voir avoir ce déclic : gagner en assurance et en confiance pour devenir de supers communicants. Pouvoir permettre à des gens d’évoluer comme ça est un moteur fantastique et chaque petit détail est un succès que je garde dans mon cœur !

Vous êtes également à l’origine de plusieurs podcasts scientifiques comme « Sous la blouse » ou encore « Scimple », pouvez-vous nous expliquer quel(s) sujet(s) vous abordez et l'objectif de ces podcasts ?

L’idée de « Sous la blouse » est de parler des personnes derrière les sujets de recherche : leurs parcours, hobbies et passions. C’est venu de plusieurs constats :

  • une envie de montrer comment on arrive dans le domaine de la recherche,
  • et de montrer la diversité des personnalités et des parcours des scientifiques.

Les scientifiques n’ont pas une super réputation, on les pense souvent peu accessibles. Il suffit de regarder comment ils sont présentés dans les séries et films ! J’ai donc voulu faire découvrir leur personnalité et casser les clichés.

« Scimple » est arrivé après « Sous la blouse » : j’avais envie de faire découvrir les personnes qui communiquent la science. Ce sont des portraits un peu comme « Sous la blouse » avec pour objectif de montrer au grand public le côté humain de la science et de faire rayonner la communication scientifique.

En quoi ces podcasts peuvent-ils aider les élèves de collège ou lycée à trouver leur futur métier ?

Dans « Sous la blouse » et « Scimple », on passe pas mal de temps sur le parcours des invité(e)s et ça permet aux élèves de voir qu’il n‘y a pas qu’une seule façon de faire de la science et de la recherche.

Qu’on peut être atteint de dyslexie ou d’autres choses et être des scientifiques récompensés. Se tromper de parcours, redoubler, être mauvais dans une matière et réussir dans d’autres ! On voit souvent les scientifiques comme des gens qui ont décidé de leur voie professionnelle à 10 ans en regardant un documentaire. Mais c’est bien plus complexe que ça ! On ne connait pas toujours les métiers de la recherche et parfois, on ne pense pas qu’on veut faire de la recherche avant d’avoir fait des études scientifiques ou d’entrer dans un laboratoire de recherche.

Entendre ces parcours peut permettre aux élèves de savoir comment ça se passe dans la vraie vie, de dédramatiser les échecs et de découvrir plein de personnalités différentes ! Je sais que certains professeurs les montrent en classe. C’est quelque chose à laquelle je n’avais pas pensé en les créant et j’en suis très fière !

BOOST YOUR CURIOSITY : Elodie Chabrol, de la neuroscience à la communication il n'y a qu'un pas !