Aurélie Le Cain, Responsable Data chez Essilor Luxottica, a accepté de partager avec nous son parcours et son engagement pour promouvoir les sciences. Nous la remercions chaleureusement pour le temps qu’elle nous a accordé. 

Aurélie Le Cain

Vous êtes aujourd’hui Responsable Data chez Essilor Luxottica sur le sujet des lunettes connectées, en quoi consiste votre métier ?

Je travaille chez Essilor Luxottica depuis 10 ans maintenant, notamment pour SmartEyewear Technologies. Je traite et j’analyse la donnée que nous collectons à partir des montures connectées. Concrètement, nous faisons tester des prototypes de lunettes connectées à différentes personnes et nous analysons ensuite les données recueillies pour connaître notamment : la quantité de lumière reçue par les yeux, l’ensemble des mouvements de la tête dans une journée selon les activités ainsi que les besoins visuels de la personne. Pour cela, j’utilise les mathématiques, la datascience et l’intelligence artificielle.

Quel a été votre parcours scolaire ? Quand avez-vous su que vous souhaitiez vous diriger vers le secteur scientifique ?

Durant mes études, tous les domaines m’intéressaient. J’étais curieuse de tout comprendre, mais j’ai choisi les mathématiques. Je n’ai pas eu d’élément déclencheur, j’ai fait ce choix pour ne me fermer aucune porte. J’ai donc suivi une filière scientifique au lycée et j’ai obtenu un baccalauréat Européen Maths spécialité Physique - en Allemand. J’ai ensuite intégré l’école MATMECA à Bordeaux pour devenir Ingénieur en modélisation mathématiques et physique. J’ai en parallèle suivi un Master en Statistiques à l’Université de Bordeaux. J’ai également réalisé une thèse et obtenu mon Doctorat en Mathématiques et Informatique spécialité Probabilités et Statistiques au CEA. Enfin, plus récemment j’ai suivi des cours du soir et obtenu un certificat d’analyste de donnée massive au CNAM de Paris.

Il est important de continuer de se former même en travaillant, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

Quel est le projet sur lequel vous avez travaillé qui vous rend le plus fière ?

Je suis très fière d’avoir soutenu ma thèse au CEA sur un sujet passionnant : la prédiction théorique des caractéristiques spatio-temporelle de la tâche focale du laser Mega Joules (LMJ).

Le LMJ permet d’étudier la fusion nucléaire. Les réacteurs d’aujourd’hui fonctionnent principalement sur le principe de la fission nucléaire. Afin d’obtenir la fusion de deux noyaux, on envoie une énergie colossale sur une durée très courte qui est obtenue en amplifiant et en focalisant des faisceaux lasers. Quand je suis arrivée en thèse, le LMJ était en construction. On m’a demandé de prédire la qualité de la tache focale en fonction du nombre de lasers et leur répartition.

En effet, la tache focale doit avoir des caractéristiques particulières permettant une compression homogène de la cible.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes étudiants qui vont lire cet article et qui hésitent encore à choisir une voie scientifique ? Et plus particulièrement pour les jeunes filles ?

Je leur dirais de faire à chaque instant, ce qui leur plaît. Egalement, qu’ils doivent surfer sur leurs qualités ! Nous sommes bons dans ce qui nous donne du plaisir ! Mais il faut aussi beaucoup travailler. Il faut accepter la notion d’effort cérébral et le plaisir vient plus tard.

Plus particulièrement concernant les maths, je leur conseille de choisir une voie scientifique car c’est une passerelle universelle. Pour ma part, par exemple, j’ai travaillé sur le cancer du sein, la fusion de laser et maintenant sur les lunettes connectées. Tout autant de sujets passionnants que les mathématiques ont rendu possible.

Vous avez participé à l’exposition de l’association Femmes & Mathématiques en incarnant un des portraits de femmes scientifiques et vous intervenez dans des écoles pour présenter votre métier. C’est important pour vous cet engagement auprès des jeunes ?

Oui tout à fait. Il y a 4 ans, l’association Femmes & Mathématiques m’a demandé d’intervenir dans un lycée. Lors de cette intervention, j’ai été bluffée par la connexion que je pouvais avoir avec certaines jeunes filles. Je me suis rendue compte que je pouvais les inspirer, les amener à réfléchir sur leur orientation et plus particulièrement, sur leur engagement dans les carrières scientifiques.

Les jeunes filles sont toujours sous représentées dans les filières scientifiques et notamment en maths. C’est pourquoi, il est important de continuer à présenter les différents métiers qu’on peut réaliser à partir des maths parce que les jeunes filles ne voient pas nécessairement tout ce qu’on peut faire avec cette discipline.

BOOST YOUR CURIOSITY : Aurélie Le Cain "Les mathématiques sont une passerelle universelle"