Camille Coron est chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle a aussi été enseignante-chercheuse au Laboratoire de mathématiques d’Orsay (91) et directrice des études à l’IUT de Sceaux (92).
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Paris et de l’école Polytechnique, elle travaille sur les probabilités et statistiques appliquées à l’Ecologie et l’Evolution.

Rencontre avec une femme inspirante.

Nous la remercions pour le temps qu’elle nous a accordé. 

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Vous avez plusieurs casquettes, maître de conférences, enseignante en mathématiques ou encore directrice des études à l’IUT de Sceaux (91), pouvez-vous nous expliquer ces différents métiers ?

Je suis enseignante-chercheuse. Cela veut dire que je fais de la recherche (en mathématiques appliquées, en l’occurrence), et qu’en parallèle j’enseigne les mathématiques à des étudiants en université. Ces deux activités font partie intégrante de mon métier. Par ailleurs, j’ai accepté de prendre des responsabilités dans mon lieu d’enseignement : j’ai participé à l’organisation des enseignements, au recrutement des étudiants, etc… Le métier d’enseignant-chercheur est très varié et on peut, dans une certaine mesure, choisir de s’investir plus ou moins dans certaines activités.

Pourriez-vous nous décrire une journée type de votre quotidien ?

Mon travail de recherche consiste à identifier une question biologique, puis à créer et étudier des modèles mathématiques permettant d’y répondre. Je réalise ce travail avec des collaborateurs, biologistes ou mathématiciens. Pour cela, nous organisons des réunions de travail lors desquelles nous discutons de la question biologique qui nous intéresse, des techniques mathématiques à utiliser pour résoudre notre problème, et nous présentons nos dernières idées ou nos derniers calculs. Enfin, une fois que notre travail est fini nous devons le présenter sous forme d’articles, qui paraissent dans des journaux de mathématiques, et sous forme d’exposés à des conférences.

Ma journée type est donc constituée de réunions de travail, de moments où je réfléchis seule au problème que nous avons défini, et de moments où je prépare et donne mes cours.

Il m’arrive aussi de me rendre à des conférences, et donc de voyager, parfois pour plusieurs jours, pour donner un exposé et apprendre de nouvelles techniques mathématiques.

Quelles études avez-vous faites pour parvenir à ces postes ?

Après le bac (filière scientifique) j’ai été en classes préparatoires aux grandes écoles, option mathématiques/physique-chimie puis j’ai intégré l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (qui s’appelle maintenant l’école normale supérieure de Paris-Saclay, on dit aussi l’ENS Paris-Saclay). C’est une école qui forme des chercheurs et des enseignants dans différentes disciplines, dont les mathématiques. J’ai ensuite fait une thèse en mathématiques appliquées, à l’école Polytechnique. Ce choix s’est fait lors de mes études à l’ENS. Ce sont des études longues (8 ans au moins), mais il est important de noter que lorsque l’on fait une thèse on est rémunéré. Par ailleurs, l’ENS Paris-Saclay rémunère aussi ses étudiants, donc j’ai reçu un salaire dès Bac +2, tout en étant étudiante, ce qui est une grande chance.

Avez-vous toujours voulu faire des mathématiques ? Avez-vous eu un déclic ou un événement majeur qui vous a dirigé dans cette voie ?

J’ai commencé à apprécier les mathématiques en seconde seulement. Je me souviens d’un exercice de contrôle qui m’a plu et que j’ai réussi après avoir persévéré longtemps. Je me souviens d’avoir éprouvé une grande fierté et une grande satisfaction à ce moment-là et après j’ai voulu tout comprendre en cours. J’ai aussi participé plusieurs fois au concours Kangourou, qui proposait de petites questions de logique qui m’ont attirées vers les mathématiques. Ce n’est que plus tard, lorsque j’étais à l’ENS, que j’ai vraiment décidé d’en faire mon métier.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes et particulièrement aux jeunes filles qui hésiteraient à s’engager dans une carrière scientifique ?

Je pense qu’il faut faire ce qui nous plait, sans se soucier des peurs des autres (des parents, des enseignants, des camarades de classe,…). Lorsqu’on est bon dans un domaine, qu’un domaine nous plait, on finit en général par réussir. Par ailleurs, être passionné parce que l’on fait permet de s’affranchir, au moins en partie, du regard des autres, de l’importance de la compétition et de la peur de l’échec. Enfin, les études scientifiques ont des débouchés très variés dans lesquels on a beaucoup de chance de trouver son bonheur.